Yogathérapie & physiothérapie : rééduquer le corps ensemble
Vers une rééducation plus complète
La physiothérapie et la yogathérapie partagent un objectif commun :
soutenir le corps dans sa capacité à se rétablir, à fonctionner et à retrouver sa liberté.
Pourtant, elles interviennent avec des angles différents, parfois complémentaires, parfois parallèles — et souvent beaucoup plus compatibles qu’on l’imagine.
L’approche Tout en Santé offre un modèle de rééducation neuro-fonctionnelle qui s’intègre naturellement à la physiothérapie en améliorant la régulation, la posture, la respiration et les schémas de mouvement — des éléments essentiels à la réussite des traitements.
Dans cet article, nous clarifions :
où nos disciplines se rencontrent,
où elles se distinguent,
et où elles se complètent profondément.
1. Là où nous sommes semblables
La physiothérapie et la yogathérapie partagent plusieurs fondations :
✔ Une vision fonctionnelle du corps
Les deux disciplines s’intéressent à la mobilité, à la mécanique, au mouvement et aux zones de restriction ou de compensation.
✔ La rééducation après blessure
Les physiothérapeutes et les yoga thérapeutes travaillent avec des personnes en réadaptation, cherchant à restaurer amplitude, force, stabilité et coordination.
✔ L’analyse posturale
Les deux approches évaluent :
les alignements,
les schémas de mouvement,
les mouvements compensés,
la relation entre respiration et posture.
✔ L’importance du mouvement juste
Les deux pratiques encouragent :
le mouvement contrôlé,
l’éducation du patient,
la progression graduée,
l’autonomie.
Nous parlons souvent le même langage — simplement avec des accents différents.
2. Là où nous sommes distincts
Nos différences deviennent des forces lorsqu’elles sont bien comprises.
A. Le point de départ : le système nerveux
La physiothérapie évalue principalement l’appareil locomoteur.
La yogathérapie commence par le système nerveux.
Pourquoi ?
Parce que :
Si le système nerveux n’est pas en sécurité, la rééducation mécanique ne tient pas.
Tonus, posture, douleur, proprioception, amplitude :
tout dépend de l’état du système nerveux autonome.
B. Le rôle de la respiration
En physiothérapie, la respiration est souvent un élément parmi d’autres.
En yogathérapie, c’est un levier thérapeutique central :
mobilité du diaphragme,
respiration 3D,
tonus vagal,
cohérence respiratoire,
régulation émotionnelle.
C. La lecture du corps dans sa globalité
La yogathérapie observe :
les schémas émotionnels,
le langage corporel,
la tension protectrice,
les habitudes quotidiennes,
le lien contenant/contenu,
l’effet du mental sur la mécanique.
Cette lecture psychocorporelle enrichit significativement le travail mécanique.
D. La tensegrité appliquée à la vie réelle
La physiothérapie analyse une articulation ou une région.
La yogathérapie travaille en réseau, en tenant compte :
des chaînes myofasciales,
de la pression interne,
des diaphragmes,
du rapport mobilité/stabilité,
des habitudes de posture dans le quotidien.
L’interprétation du mouvement devient plus fine, plus large, plus intégrée.
3. Là où nous sommes complémentaires
C’est ici que la collaboration devient puissante.
A. Une base nécessaire : la sécurité neurologique
Lorsqu’un patient est stressé, en hypervigilance ou en douleur chronique :
l’amplitude diminue,
les muscles profonds se désengagent,
les compensations dominent,
les gains de traitement se perdent.
La yogathérapie offre :
des outils de respiration pour relâcher
une posture parasympathique
un effort « juste » (≈ 50 %)
une décélération du système nerveux
une stabilité douce avant la force
Le travail mécanique devient alors beaucoup plus efficace.
B. Intégrer les progrès dans le quotidien
Après une séance de physio, il faut réintégrer les gains dans :
marcher,
travailler,
se pencher,
porter,
respirer,
se relever,
vivre.
C’est exactement ce que fait la yogathérapie :
elle transforme les exercices en habitudes de mouvement, pour prévenir les rechutes.
C. Soutien entre les séances
La majorité de la rééducation se joue entre les rendez-vous.
La yogathérapie donne au patient :
des repères somatiques,
des exercices simples,
une conscience corporelle accrue,
des routines courtes applicables n’importe où,
une capacité à gérer les signaux de stress.
Le patient devient acteur → les résultats durent.
D. Un langage commun qui facilite la collaboration
Les physios comprennent immédiatement les principes de :
respiration diaphragmatique
stabilité vs mobilité
chaînes musculaires
tensegrité
proprioception
schémas moteurs
La yogathérapie parle leur langue, mais ajoute :
la dimension interne → le système nerveux + l’émotionnel + la régulation.
Deux disciplines, une même mission
La physiothérapie et la yogathérapie ne sont pas des approches concurrentes.
Elles sont deux perspectives du même vivant — complémentaires, cohérentes, profondément compatibles.
La première restaure la mécanique.
La seconde restaure la coordination interne.
Ensemble, elles rééduquent le corps sur tous ses plans : mécanique, respiratoire, nerveux, émotionnel et quotidien.
C’est ainsi que nous bâtissons les soins de demain.
Des soins plus intelligents, plus interdisciplinaires, plus humains.

